POSTSCRIPT.

THE foreign gazettes and journals have announced to the world that the Abbé De Mably was applied to by the United States of America for his advice and assistance in the formation of a code of laws. It is unnecessary to say any thing to this, only that it is a part of a million volumes of lies, according to the best computation, which are to be imposed upon posterity, relative to American affairs. The Abbé himself, in his observations, has said that I desired his sentiments. This is true; but the manner of the request ought to be known, that those who think it of any consequence may understand in what sense it is true. Upon my arrival in Paris, in October 1782, upon the business of the peace, the Abbé De Mably's book, upon the manner of writing history, was put into my hands. At the conclusion of that publication he declared his intention of writing on the American revolution. Meeting the Abbé soon afterwards, at dinner, at Monsieur De Chalut's, the farmer general, my friends the Abbés De Chalut, and Arnowe, who were of the party, informed me that their friend was about writing the history of the American revolution, and would be obliged to me for any facts or memorials that might be in my power. The question was asked, What part of the revolution he intended to write? The whole. — Where had he obtained the materials? It was supposed they might be obtained from the public papers, and enquiry of individuals. — In answer to this a few difficulties were started, and the conversation spun into length. At last the gentlemen asked to have, in writing, what had been then said upon the subject, as, the conversation being in French, it might not have been fully comprehended. Accordingly, in a few days, I wrote the Abbé a letter, the translation of which, by a friend, into French, is here inclosed; the original, in English, not being in my possession. By this you will see, that the request to the Abbé to write upon American affairs, was a mere civility; and rather a desire that he would not expose himself, by attempting an history that he was altogether unprovided for, than any formal request that he should write at all. — We ought to be obliged to any gentleman in Europe who will favour us with his thoughts: but, in general, the theory of government is as well understood in America as it is in Europe; and by great numbers of individuals is every thing, relating to a free constitution, infinitely better comprehended than by the Abbé De Mably or Mr. Turgot, amiable, learned, and ingenious, as they were.

A Monsieur l'Abbé Mably.

"C'est avec plaisir que j'ai appris votre dessein d'écrire sur la Révolution Américaine, parce que vos autres écrits, qui sont beaucoup admirés des Américains, contiennent des principes de Législation, de Politique & de Négociation qui sont parfaitement analogues aux leurs; de sorte que vous ne pourrez guère écrire sur ce sujet sans produire un ouvrage qui servira à l'instruction du public, & surtout à celle de mes Concitoyens Mais j'espère que vous ne m'accuserez pas de présomption d'affectation ou de singularité, si je hazarde de vous dire que je suis d'opinion qu'il est encore trop-tôt pour entreprendre une Histoire complette de ce grand événement, & qu'il n'y a personne ni en Europe ni en Amérique, qui, jusqu'à présent, soit en état de la faire & qui ait les matériaux requis ou nécessaires pour cela."

"Pour entreprendre un tel ouvrage, un Ecrivain devrait diviser l'Histoire de l'Amérique en plusieurs périodes."

"1. Depuis le premier établissement des Colonies en 1600, jusqu'au commencement de leurs brouilleries avec la Grande-Bretagne in 1761.

"2. Depuis ce commencement (occasionné par un ordre du Bureau de Commerce & des Plantations dans la Grande-Bretagne, donné aux officiers de la Douane en Amérique, de faire exécuter d'une manière plus rigoureuse les actes du Commerce, & d'avoir recours aux cours de la justice pour avoir des décrets d'assistance à cette fin) jusqu'au commencement des hostilités, le 19 d'Avril 1775. Pendant cette période de 14 ans il n'y eut qu'une guerre de plume.

"3. Depuis la Bataille de Lexington jusqu'à la signature du Traité avec la France, le 6 Février 1778. Durant cette période de 3 ans, la guerre se fit uniquement entre la Grande-Bretagne & les États-Unis.

"4. Depuis le Traité avec la France jusqu'aux hostilités entre la Grande-Bretagne & la France premièrement; puis avec l'Espagne, ensuite jusqu'au développement de la Neutralité armée, & à la guerre centre la Hollande Enfin, toutes ces scènes trouvent leur dénouement dans les Négociations de la Paix.

"Sans une connaissance distincte de l'Histoire des Colonies dans la premiere période, un Écrivain se trouvera toujours embarrassé, depuis le commencement de son ouvrage jusqu'à la fin, pour rendre compte des événements & des caractères qui se présenteront à décrire a chaque pas, à mesure qu'il avance vers la seconde, la troisième, & la quatrième périodes. Pour acquérir une connaissance suffisante de la premiere période, il faudrait lire toutes les Chartes accordées aux Colonies, & les Commissions & Instructions données aux Gouverneurs, tous les Codes de Loi des différentes Colonies (& Treize Volumes in Folio de Statuts secs & rebutants qui ne se lisent guère avec plaisir ni en peu de tems) tous les Registres de la Législature des différentes Colonies; que l'on ne trouvera qu'en manuscrit & en voyageant en personne, depuis News-Hampshire jusqu'à la Géorgie; les Registres des Bureaux de Commerce & des Plantations dans la Grand-Bretagne depuis leur institution jusqu'à leur dissolution, comme aussi les Papiers des Bureaux de quelques-unes des Secretaireries d'Etat. "Il y a une autre branche de lecture, dont l'on ne saurait se dispenser, quand l'on pourrait se passer des autres. Je parle de ces écrits qui ont paru en Amérique de tems à autre, je ne pretends cependant pas, dans la place où je suis, éloigné de tous les livres & écrits, en faire une exacte énumération — Les Écrits des anciens Gouverneurs Winthrop & Winslow, du Dr. Mather, Mr. Prince; Neals Histoire de la Nouvelle Angleterre; Douglas Sommaire sur les premières Plantations; l'amélioration progressive des terres & I'état présent des Colonies Britanniques; Hutchinson Histoire de Massachusetts-Bay; Smith Histoire de New-York; Smith Histoire de New-Jersey, les Ouvrages de William Penn; Dummers Défense des Chartes de la Nouvelle-Angleterre; l'Histoire de Virginie, & plusieurs autres. Tout cela était antérieur à la dispute présente, qui commença en 1761.

"Durant la seconde période, les écrits sont plus nombreux, & plus difficiles à se procurer; il fut alors donné au public des Ouvrages de grande importance: dans les débats entre ceux qui furent acteurs dans cette scène en qualité d'Écrivains, il en est qui méritent d'être distingués On compte parmi eux les Gouverneurs du Roi Pownal, Bernard, & Hutchinson; Le Lieutenant Gouverneur Oliver; Mr. Sewal, Juge d'Amirauté pour Halifax, Jonathan Mayhew, D. D. James Otis, Oxenbridge Thatcher; Samuel Adams; Josiah Quiniy, Joseph Warren; & peut-êtres les suivants n'ont pas été moins importants qu'aucun des autres, savoir les écrits de Mr. Dickinson, de Mr. Wilson & du Dr. Rush de Philadelphie, de Mr. Livingston & de Mr. Dougal de New-York; du Colonel Bland & d'Arthur Lee de Virginie, & de plusieurs autres. Les Registres de la Ville de Boston & particulièrement d'un Comité de Correspondance; du Bureau des Commissions de la Douane; de la Chambre des Répresentans & du Bureau du Conseil de Massachusetts-Bay; en outre les Gazettes de la Ville de Boston dans les derniers tems, pour ne pas dire celles de New-York & de Philadelphie, doivent être ramassées & examinées depuis l'an 1760. Tout cela est nécessaire pour écrire avec précision & en détail l'Histoire des débats avant que les hostilités eussent commencé, compris la période de l'année 1761 jusqu'au 19 Avril 1775.

"Durant les troisième & quatrième périodes les Registres, Pamphlets & Gazettes des Treize-États doivent être recueillis, ainsi que les Journaux du Congrès (dont cependant une partie est encore secrete) & la Collection des Nouvelle Constitutions des divers Estats, le Remembrancer & le Registre Annuel, papiers périodiques publiés en Angleterre Les Affaires de I'Angleterre & de l'Amérique, & le Mercure de France, publié a Paris, & le Politique Hollandais imprimé à Amsterdam, toute la suite de la Correspondance du Général Washington avec le Congrès depuis le mois de Juillet 1775 jusqu'à ce jour, qui n'a pas encore été publié, & qui ne le sera pas non plus jusqu'à ce que le Congrès l'ait ordonné ou permis; & permettez-moi de vous dire qu'à moins que cette vaste source soit ouverte, il ne sera guère possible à personne d'entreprendre une Histoire de la Guerre Américaine: Il est encore d'autres écrits d'importance dans les Bureaux du Comité Sécret, dans le Comité du Commerce, dans le Comité des Affaires étrangères, dans le Comité de la Trésorerie, dans le Comité de la Marine, dans le Bureau de la Guerre (autant qu'il subsiste) & du Département de la Guerre, de la Marine, des Finances & des Affaires étrangères, depuis leur institution Il y a aussi des Lettrés des Ministres Américains en France, Espagne, Hollande, & d'autres parties de l'Europe "La plupart des documents & matériaux étant encore secrets, c'est un démarche prématurée que d'entreprendre une Histoire générale de la Révolution Américaine; mais l'on ne saurait mettre trop d'activité & de soins à faire la collection des matériaux. Il existe cependant, à la vérité déjà deux ou trois Histoires générales de la Guerre & Révolution Américaine, publiées à Londres, & dex ou trois autres publiées à Paris, celles en langue Anglaise ne sont que des matériaux informes & confus sans discernement, & toutes ces Histoires soit en Anglais soit en Français, ne sont autre chose que des monuments de l'ignorance complette de leurs auteurs sur ce sujet.

"Il faudrait la vie entière & la plus longue, à commencer dès l'age de 20 ans, pour assembler de toutes les Nations & de toutes les parties du monde, dans lesquels ils sont déposés, les documents propres à former une Histoire complette de la Guerre Américaine; parce que c'est proprement l'Histoire du Genre-humain dans toute cette époque. Il faut y réunir l'Histoire de France, d'Espagne, de Hollande, d'Angleterre, & des Puissances neutres, aussi bien que de l'Amérique Les matériaux en devraient être assemblés de toutes ces Nations, & les documents les plus importans de tous, aussi bien que les caractères des Acteurs & les ressorts secrets des Actions, sont encore recelés dans les Cabinets & en chiffres.

"Soit que vous, Monsieur, enterpreniez de donner une Histoire générale, ou simplement des remarques & observations, semblables à celles que vous avez données sur les Grecs & les Romains; vous produirez un Ouvrage extrêmement intéressant & instructif, pour la Morale, la Politique, la Législation, & je me ferais un honneur & un plaisir de vous fournir tous les petits secours qui seront en mon pouvoir pour la facilité de vos recherches. Il m'est impossible de vous dire si le Gouvernement de ce pays souhaiterait de voir quelque ouvrage profondément écrit, & par un Auteur d'une grande célébrité, en langue Française. Il est question d'exposer des principes de gouvernement, si differens de ce qu'on trouve en Europe, sur tout en France, qu'on ne verrait peut-être pas une entreprise pareille d'un oeil indifférent: c'est cependant une chose dont je ne me crois pas le juge compétent.

"Permettez, Monsieur, que je finisse cette Lettre en vous donnant une clef pour toute cette Histoire. Il y a une analogie générale dans les Gouvernements & les Caractères de tous les Treize États; mais ce ne fut que lorsque les débats & la guerre commencèrent en Massachusetts-Bay, la principale Province de la Nouvelle-Angleterre, que les institutions primitives firent leur premier effet. Quatre de ces institutions devraient être bien étudiées & amplement examinées par quiconque voudrait écrire avec connaissance de cause sur ce sujet; car elles ont produit un effet décisif, non-seulement dans les premieres déterminations des débats, dans les Conseils publics, & les premieres résolutions de résister par les armes, mais aussi par l'influence qu'elles eurent sur les esprits des autres Colonies en leur donnant l'exemple, d'adopter plus ou moins les mêmes institutions & des mesures semblables.

Les quatre institutions mentionnées sont

1. Les Villes ou Districts

2. Les Églises.

3. Les Écoles.

4. La Milice.

1. "Les Villes sont de certaines étendues de pays, ou districts de territoire, dans lesquels étaint divisés le Massachusetts Bay, le Connecticut, le New-Hampshire & le Rhode-Island. Chaque Ville contient l'une dans l'autre six milles ou deux lieues quarrées. Les habitans qui vivent dans ces limites doivent former, en vertu de la loi, des corporations ou corps politiques, & sont investis de certains pouvoirs & privileges: comme par exemple, de réparer les grands chemins, d'entrenir les pauvres, de choisir les élus, les constables, les collecteurs des Taxes & d'autres officiers, & surtout leurs Répresentans dans la Législature; comme aussi du droit de s'assembler toutes les fois qu'ils sont avertis par leurs Elus, dans les assemblées de Villes, afin de délibérer sur les affaires publiques de la Ville, ou de donner des instructions à leurs Représentans. Les conséquences de cette institution ont été, que tous les habitants ayant acquis dès leur enfance une habitude de discuter, de délibérer, & de juger des affaires publiques, c'a été dans cette étendue de Villes ou districts, que les sentiments du Peuple se sont formés premièrement, & que leurs résolutions ont été prises, depuis le commencement jusqu'à la fin des débats & de la guerre.

2. "Les Églises sont des Sociétés Religieuses, qui comprennent le Peuple entier Chaque district: contient une Paroisse & une Église. La plupart n'en ont qu'une, & quelques-uns en ont plusieurs Chaque Paroisse a une maison d'assemblée, & un Ministre entretenu à ses propes dépens Les Constitutions des Églises sont extrêmement populaires, & le Clergé a peu d'influence ou d'autorité, à l'exception de celles que leur propre piété, leur vertu, leurs lumières leur donnent naturellement. Ils sont choisis par le peuple de leur Paroisse, & reçoivent leur ordination du Clergé voisin Ils sont tous mariés, ont des familles, & vivent avec leurs Paroissiens dans une parfaite amitié & intimité Ils vont voir les malades, exercent la charité envers les pauvres, assistent à tous les mariages & enterremens, & prêchent deux fois chaque Dimanche; le moindre reproche fait à leur caractère moral, leur ferait perdre leur influence, & leur nuirait à jamais De sorte que ce sont des hommes sages, vertueux & pieux Leurs sentiments sont en général adaptés à ceux du peuple, & ils sont amis jaloux de la Liberté

3. "Il y a des Écoles dans chaque ville; elles sont établies par une Loi expresse de la Colonie; chaque ville consistant en soixante familles, est obligée, sous peine d'amende, de maintenir constamment une École & un maître qui enseigne à lire, à écrire, l'arithmétique, & les principes des langues Latine & Grecque Tous les enfans des habitans, ceux des riches comme des pauvres, ont le droit d'aller dans cette École publique. On y forme les Étudians pour les Colleges de Cambridge, de New-Haven, de Warwich, & de Darthmouth; & dans ces Colleges on élevé des Maîtres pour ces Écoles, des Ministres pour l'Église, des Docteurs en Droit & en Médecine, & des Magistrats & Officiers pour le Gouvernement du Pays.

4. "La Milice comprend tout le Peuple. En vertu des Loix du pays chaque habitant mâle entre 16 & 60 ans, est enrôlé dans une Compagnie & Régiment de Milice, complètement pourvu de tous ses officiers. Il est obligé de tenir toujours dans sa maison & à ses propres dépens, un mousquet en bon ordre, une corne à poudre, une livre de cette poudre, douze pierres à feu, vingt quatre balles de plomb, une boête à cartouche, & un havre-sac. De sorte que toute la Contrée est prête à marcher à sa défense au premier signal. Les Compagnies & Régiments sont obligés de s'assembler à un certain tems de l'année, sur les ordres de leurs officiers, pour la visitation de leurs armes & munitions, & de faire leurs manoeuvres.

"Voici, Monsieur, une petite esquisse des quatre sources principales de cette sagesse dans les Conseils, de cette habileté, de cette bravoure militaire, qui ont produit la Révolution Américaine, & qui, j'espère, seront saintement conservées comme les fondemens de la Liberté, du bonheur & de la prospérité du peuple. S'il est d'autres particularités sur lesquelles je puisse vous donner des informations, vous me ferez l'amitié de me le faire savoir. J'ai l'honneur d'être

1782. "JOHN ADAMS."


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